En bateau ou simplement au bord de l’eau, voilà l’occasion rêvée de prendre des photos ! Or le monde de l’eau douce et des bateaux fluviaux n’est pas un sujet aussi facile à photographier qu’il n’y paraît. De la lumière au matériel, en passant par le héron sur sa branche… : voici nos conseils pour des images réussies !
L’eau, les bateaux et le monde fluvial en général ne sont pas si évidents à bien mettre en image : forts contrastes, éléments mouvants, angle de vue répétitif… : autant de contraintes dont il faut tenir compte pour réussir ses photos. Les quelques conseils qui suivent ne prétendent pas faire de tous des photographes accomplis ni donner LA recette des bonnes photos. Pas question non plus d’énumérer une liste du matériel indispensable sans lequel aucune image sérieuse ne serait envisageable. Notre ambition est que chacune et chacun puisse éviter les principaux pièges et parvienne à tirer les meilleures images possibles à l’aide du matériel dont il dispose. Il est bien évident que ces conseils concernent des photos “de loisir”, destinées principalement à être visualisées sur un écran. Si votre souhait est que vos photos soient imprimées voire publiées, les contraintes sont nettement plus élevées.
En bateau, les sujets ne manquent pas, à commencer par la vie du bord et les portraits en situation des membres d’équipage. La voie d’eau a elle aussi une vie propre que l’on capte d’autant mieux que l’on est aux premières loges pour profiter du spectacle. La timonerie ou la terrasse sont des postes d’observation privilégiés qui offrent une vue qui s’étend bien au-delà des rives. En revanche, photographier depuis le bateau en naviguant donne rarement de très bons résultats : il manque le bateau dans l’image… Il est autrement gratifiant de se poster sur la rive pour capter l’image du bateau au sein de son élé[1]ment ou en cours de manœuvre. Le bateau est une vedette à qui certains angles vont mieux que d’autres ! On obtient généralement des images dynamiques en le prenant de 3/4 avant, mais on veillera à varier les points de vue en prenant de la hauteur ou en descendant au ras de l’eau. Chaque fois que possible, intégrer un 1er plan apporte de l’intérêt et du relief à l’image.
C’est au lever ou au coucher du soleil que la lumière est la plus belle, avec des ombres adoucies, des couleurs chaudes et un modelé qui sublime tous les sujets. Ce sont des moments fugaces, qui durent à peine une vingtaine de minutes, des moments que les photographes appellent les “golden hours” ou heures dorées. À ce moment-là, tout est beau ! Il est difficile de ne pas prendre de photos, et plus difficile encore de les rater. Pour être debout dès potronminet et ne pas rater cette lumière toute neuve, il suffit de disposer d’un réveil ! La lumière du soir a son charme également, mais l’air est généralement moins pur et ne recèle pas la même magie. En journée, ne négligez pas la brume ni les gros nuages, qui donnent de la vie au ciel. Si d’aventure le tonnerre gronde, gardez votre appareil à portée de main : une trouée de lumière dans un ciel plombé ne se rate sous aucun prétexte !
La caractéristique première du fluvial, c’est que, quoi qu’il arrive, nous avons 2 rives ! Inévitablement, l’une est mieux éclairée que l’autre. C’est donc au photographe de prévoir sur laquelle il vaut mieux se tenir pour que le sujet et son environnement ne soient pas dans l’ombre ou, pire encore, en plein contre-jour. C’est d’autant plus important qu’il n’y a pas de pont partout et qu’il n’est donc pas toujours évident de traverser si l’on a mal prévu son coup. Le mieux est d’essayer d’anticiper en fonction de l’heure quelle rive sera la plus propice. Pour cela, on utilisera une éphéméride, qui indique où et quand la lumière se posera ! Le meilleur outil, celui que j’utilise sans cesse, se dénomme Phototime. Il s’agit d’une application gratuite pour Smartphone. Sur la base d’un fond de carte Google Maps, elle affiche, pour chaque emplacement et à tout moment, l’orientation du soleil, les heures dorées, et vous aidera grandement à prévoir les meilleurs angles de prise de vue. Vous pourrez ainsi faire en sorte d’être au bon endroit au meilleur moment.
Les animaux des bords de l’eau se laissent facilement apercevoir, mais il est nettement plus difficile de capter leur image, surtout à la volée. Lorsque le bateau pénètre dans son territoire, le héron décolle et part se poser plus loin. Il reproduit cette esquive à plusieurs reprises, jusqu’à ce que, parvenu aux limites de son territoire, il décrive un grand cercle pour regagner son poste de pêche favori. Pour faire les meilleures images possibles, on prendra le temps d’observer les animaux plutôt que de les surprendre. Pour cela, le mieux est sans doute de troquer un temps l’appareil photo contre une paire de jumelles.
Ce n’est pas le matériel qui fait la photo, mais l’œil et la sensibilité du photographe ! Le meilleur appareil est celui qui reste à portée de main. À ce jeu-là, le Smartphone est imbattable, malgré la petite taille de son capteur qui limite la qualité des images obtenues. Allez visiter le menu “Appareil photo” du vôtre, vous y découvrirez un mode “Pro” qui offre des possibilités que vous ne soupçonniez pas ! Bien sûr, on aura une bien meilleure maîtrise du résultat avec un appareil photo. Il peut s’agir d’un compact. Mais la qualité d’image, parfois à peine meilleure que celle d’un Smartphone, fait qu’on préférera un appareil à objectifs interchangeables reflex ou hybride. Les premiers disposent d’une visée optique via un système de miroir, ce qui les rend assez lourds et encombrants, tandis que les seconds sont dotés d’un écran permettant de prévisualiser l’image avant de déclencher. Cette capacité à changer d’objectif permet de faire évoluer votre matériel selon vos goûts et vos moyens, mais surtout selon les différents sujets rencontrés. Côté budget, si l’on évite de céder aux sirènes de la mode, on peut s’équiper très sérieusement pour quelques centaines d’euros. En tout cas, pour un montant pas plus élevé qu’un Smartphone de milieu de gamme.
Le Smartphone est toujours disponible, même s’il est moins performant qu’un appareil à objectifs interchangeables.
Le bateau n’est pas le lieu le plus sûr pour le matériel photo. Pour commencer, on prendra soin de ne jamais le laisser à la vue sur la terrasse ou derrière une fenêtre. On évitera ainsi de tenter un indélicat. De même, on lui évitera le plein soleil, surtout s’il est rangé dans un sac noir qui concentre la chaleur. À ce propos, il est déconseillé d’emporter son matériel dans une sacoche affichant fièrement une marque prestigieuse. C’est une invitation au vol ! De plus en plus de fabricants proposent des inserts, des capitonnages intérieurs de sac photo, qui protègent parfaitement le matériel et se glissent dans un sac usuel et anonyme. Pour limiter les risques de chute, on utilisera la bandoulière, au moins en la mettant autour de son poignet. Enfin, on préviendra les chocs en utilisant une coque sur un Smartphone et en employant un pare-soleil sur un appareil photo. Ce tronc de cône est fourni avec pratiquement chaque objectif et le protège efficacement des projections et des coups.
Pour protéger la lentille frontale de votre objectif, vous pouvez y monter à demeure un filtre neutre de protection, dit filtre U.V. Gardez à portée de main des chiffons d’essuyage optique, mais aussi un Lenspen, un stylo de nettoyage qui possède un pinceau dépoussiérant à une extrémité et un tampon d’essuyage à l’autre. Ce nettoyage régulier de la lentille frontale est encore plus crucial sur un Smartphone, où elle est de plus petit diamètre et souvent manipulée sans précaution. Les appareils photo modernes ont le défaut d’être très gourmands en énergie électrique, aussi il est important de disposer d’au moins 2 batteries. Ainsi vous en aurez toujours une chargée et disponible. Offrez-vous un chargeur de batterie U.S.B., qui pourra facilement être utilisé à bord sans passer par un convertisseur ou sans attendre d’être branché à quai. C’est très peu onéreux et parfaitement indispensable !
Texte et photos Olivier Chauvin